L'évasion de Giraud ...
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Le 17 avril, le général Giraud s'est évadé de la forteresse de Koenigstein, au bord .de l'Elbe. Il a soixante-trois ans, mesure 1,85 m et claudique à la suite de blessures de guerre. Malgré tout, grâce à un câble de fortune, il s'est laissé glisser le long de cinquante mètres de muraille. L'évasion a été organisée par sa femme et des membres du 2° bureau de Vichy.
Ordre est donné de faire des barrages et des contrôles dans toute l'Allemagne et d'arrêter tous les passants de plus de 1,80 in ! Une semaine plus tard, Giraud arrive en Suisse. Parlant remarquablement allernand, il avait lié conversation dans le train avec un officier SS couvert de décorations. Lors d'un contrôle, les hommes de la Gestapo n'osèrent pas interrompre leur conversation.
Giraud s'évade
le general Giraud
Le 29 avril, Giraud arrive à Vichy.
- Bravo ! C'est un beau geste, lui dit le Maréchal en l'embrassant.
Ils déjeunent ensemble. Giraud donne son point de vue :
L'Allemagne ne peut plus être victorieuse... il faut nous appuyer sur l'Amérique... Avec notre armée d'Afrique, la flotte et l'aide américaine, nous pouvons entrer de nouveau dans la guerre avec la certitude de prendre notre revanche...
— Vous avez pleinement raison, approuve Pétain, l'Allemagne ne peut pas gagner la guerre... Votre conception de l'aide américaine est juste... Tout cela intéressera beaucoup le président du Conseil ; il faut que vous alliez le voir...
Giraud dit qu'il n'y tient nullement. Pétain insiste.
D'ailleurs la chose est convenue entre lui et moi. Il vous attend ce soir à 18 heures.
Laval est aimable mais il n'y va pas par quatre chemins.
Votre évasion me gêne... Vous devriez rentrer volontairement en Allemagne et vous reconstituer prisonnier. Giraud est sidéré et le manifeste.
Laval poursuit : C'est très sérieux. D'ailleurs les Allemands ont une promesse de vous de ne jamais vous évader. Giraud le nie vivement et enchaîne sur sa certitude de la défaite de l'Allemagne.
Le 1" mai, Laval revient à la charge : Vous compromettez toute ma politique.
Giraud part pour Lyon. A peine rendu, il est rappelé par le général Campet, directeur du cabinet militaire du Maréchal, et revient à Vichy (2 mai). Là, Pétain lui dit qu'Hitler exige son retour sans condition. On le logera dans un palace de Berlin, l'hôtel Adlon.
Je refuse, dit Giraud. L'Histoire n'offre qu'un exemple l'un général qui soit volontairement retourné en captivité : celui du Romain Regulus. C'est un précédent fâcheux : un tonneau hérissé de clous l'attendait à Carthage.
Mais Giraud accepte de rencontrer Abetz le jour même à Moulins. Il s'y rend escorté de Laval et de Darlan. L'entrevue a lieu à 21 heures. Long monologue d'Abetz. Finalement, celui-ci demande au général sa décision.
Eh bien, dit Giraud, j'accepte de rentrer en Allemagne, mais à une condition... Je désire que tous les prisonniers mariés soient rapatriés.
Combien y en a-t-il ? demande Abetz.
De 400 000 à 500 000.
La prétention est évidemment exorbitante. Furieux, Abetz invective Giraud en allemand, devient menaçant. Un général allemand donne l'ordre (l'arrêter Giraud. Mais Laval rappelle à Abetz qu'il lui a personnellement promis, avant la réunion, de ne pas l'arrêter et menace de démissionner. L'ambassadeur allemand se contient, fait le salut hitlérien et s'en va.
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